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Togo : Une rentrée académique chaotique.


L’éducation, l’un des pans les plus importants de la vie et du futur de tout pays, se trouve en grande difficulté en cette période de pandémie à l’échelle mondiale. Au Togo, le système éducatif plutôt obsolète, est mis à rude épreuve. Il ne répond pas aux réalités du monde en constante évolution. Il ne permet pas d’accès à l’emploi, d’où il suscite des interrogations sur l’organisation d’États généraux de l’éducation. Le système éducatif togolais déjà en grande difficulté, s’enfonce d’avantage avec l’apparition du coronavirus qui a obligé les autorités à suspendre les cours depuis le mois de mars 2020. Les nouvelles conditions dans lesquelles la pandémie a plongé l’éducation, ont poussé les acteurs du monde de l’enseignement à boucler l’année scolaire 2019-2020 par un coup de force, juste dans le but d’éviter une année blanche aux apprenants. La rentrée scolaire 2020-2021 est lancée il y a à peine trois semaines, mais avec des mouvements de grève des principaux syndicats d’enseignants, à l’instar de la FESEN (Fédération des Syndicats des Enseignants) et de la CSET (Coordination des Syndicats de l’Éducation du Togo).
Le système éducatif togolais, nonobstant les ressources dont regorge le pays, est l’un des plus désuets de la sous-région africaine. Successivement depuis plus de six années, les enseignants du public réclament sans cesse l’élévation de leurs conditions de vie et de travail, l’amélioration des conditions d’études des élèves, à travers des mouvements d’interruption des cours. Ceux de l’enseignement privé sont pour la plupart du temps laissés pour compte. Ils vivent dans des conditions très peu enviables.


État des lieux.


Manque d’infrastructures. Salles de classes en plein air, sans tables-bancs ni tableau. Les élèves sont obligés de faire des briques de ciments les seuls moyens de pouvoir s’asseoir, afin de suivre les cours sous une toiture parfois inexistante. Par conséquent sous le soleil ! En revanche, pas de classe pendant les jours de pluies, car les écoles sont parfois inondées. Il faut aussi noter le manque de matériels didactiques (allant de la simple boîte de craies jusqu’au papier). Tout ceci est couplé d’un manque chronique d’enseignants.
Pour exemple, un taux de cinq classes pour deux enseignants avec un effectif pléthorique : 60 à 70 élèves dans une classe construite pour en abriter 35. L’école primaire publique de Ségbé, une banlieue Nord-Ouest de Lomé, la capitale : les élèves de cours moyen sont assis sur des briques. Ceux d’entre eux qui ont la chance de s’asseoir entre des tables-bancs, le sont à trois voire à quatre, dans un contexte où la distanciation sociale est primordiale.

Sagada, une localité située à 24 km de Kpové dans la préfecture de Haho, (une zone qui manque cruellement de tout, même d’eau potable), comporte un établissement scolaire public qui jusqu’à quelques semaines de la rentrée n’avait ni emblème national ni autres équipements. Les élèves vont à l’école les pieds nus en ce 21ème siècle et parfois sans uniforme ni fournitures scolaires. A telle enseigne qu’une question se pose sur la faisabilité même des cours.
Il faut aussi évoquer les promesses d’améliorations des conditions par les autorités compétentes qui sont jusqu’à ce jour dans une inertie totale. (Non versement de certaines primes, l’indexation avec rappel des deux milliards réclamés en 2019 par les enseignants).

Expression d’un ras-le-bol.


Face à cette situation invivable dans le monde éducatif, parlant des conditions d’amélioration accentuées par des promesses non tenues, les enseignants sont montés au créneau. Le 22 octobre, à la suite de l’annonce de la date de reprise des cours par le gouvernement, voyant que les conditions ne sont pas réunies, les syndicats d’enseignants ont pondu une déclaration, afin d’attirer l’attention des autorités sur les insuffisances qui prévalaient dans le système bien avant la pandémie, et les nouvelles obligations imposées par cette dernière. Un dépôt de préavis de grève s’en suit en date du 02 Novembre et le 13 Novembre, un appel de grève d’avertissement de trois jours est lancé pour les 16, 17 et 18 Novembre, seulement après deux semaines de cours. La grève est suivie à 90% par les enseignants à travers tout le pays, selon Etienne Mawuégna, secrétaire général de l’ENI, syndicat membre de la FESEN.
Cette nouvelle grève qu’ont débutée les enseignants du public, à l’appel des syndicats de l’éducation (FESEN et la CSET), est une manière d’inviter le gouvernement à honorer ses engagements pris en 2018. Dans le préavis du 02 novembre adressé au ministre de tutelle, la CSET revenait sur les points restés non satisfaits ; qui sont entre autres : le versement pur et simple des 2 Milliards de 2019, le recrutement d’enseignants et l’insertion des enseignants volontaires, la construction de salles de classes supplémentaires, et la subvention des établissements scolaires…
Dans la foulée, en réaction à la grogne montante dans le secteur de l’éducation, le gouvernement a tenu des réunions avec les fédérations, et a annoncé la revue complète du protocole d’accord signé avec les syndicats le 19 avril 2018. Le 06 novembre dernier les résultats du concours de recrutement des enseignants organisé en décembre 2019 pour le compte de l’enseignement technique a été publié. A la suite de cette rencontre, le gouvernement a aussi annoncé le recrutement de 2.050 enseignants et conseillers pédagogiques avant la fin de 2020 pour le compte de l’enseignement général.

Au vu de tous ces pavés de revendication, le gouvernement jusqu’ici n’a fait que des annonces de temporisation. Les réels problèmes des enseignants sont toujours en suspens. Faut-il se gaver de simples annonces fallacieuses ? N’y aura-t-il pas de nouvelles grèves ?
Vivement que les autorités prennent à bras le corps le problème pour offrir des années scolaires accomplies aux enfants. C’est ainsi que sera mieux formée la relève de demain de notre pays. « Tant vaut l’école, tant vaut la nation. », dixit feu Général Gnassingbé Eyadéma. Le moins qu’on puisse dire, cette école est à l’image de l’état de gabegie financière, de prévarication et de déliquescence dans lequel baigne le Togo depuis des décennies.

Deeni S. & Xavier T.

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