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Le Togolais et l’Animal français.

Les pontes de la Révolution française de 1789, se sont très tôt préoccupés du bien-être et des conditions de vie des animaux en général. A telle enseigne que certaines mauvaises langues affirment que Georges Jacques Danton et Camille Desmoulins auraient souhaité élaborer avec le temps, une « Déclaration universelle des Droits de l’Animal et des Bêtes sauvages ». Mais hélas ! Les turbulences de la Révolution et l’invention « décapitante » du bon Docteur Joseph-Ignace Guillotin ne leur avait point laissé le temps. Tous deux (Danton et Desmoulins) eurent l’honneur d’être guillotinés sur la place de la Révolution, le 5 avril 1794.

 Il n’empêche que bien des années avant l’abolition définitive de l’esclavage et de l’émancipation des esclaves, le 27 avril 1848 par un décret du Gouvernement provisoire de la République, sous l’impulsion de Victor Schœlcher, les révolutionnaires français ont pensé  faire une loi en faveur des animaux. Non, ce n’est pas une blague ! C’est ainsi qu’en 1791, l’Assemblée législative vota la première loi en faveur de la défense de l’animal … Cette loi concerne principalement les chiens de garde. Pour tout dire, les Français se sont intéressés au bien-être de leurs animaux avant de se soucier de celui de l’esclave noir. Puis, pendant que la France poursuivait la colonisation à travers l’Afrique, en soumettant les hommes à de divers travaux forcés agrémentés de sévices et de violations des droits humains en tout genre, en 1850, l’Assemblée nationale française interdit les mauvais traitements infligés aux animaux. C’est la loi Grammont : « Seront punis d’une amende de 5 à 15 francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements sur la voie publique à un animal, en particulier à des chevaux, utilisés à de multiples tâches éprouvantes : transport urbain, travail dans les mines, mutilations lors des guerres… ».

L’acte cruel est un délit.

La loi française de 1963 innove en créant le délit d’acte de cruauté, que ceux-ci soient ou non commis en public. La loi de 1963 réprime le plus explicitement la cruauté envers les animaux, en tant que volonté de faire souffrir. Coïncidence, c’est la même année que la Françafrique commandita l’assassinat de M. Sylvanus Olympio, le premier Président démocratiquement élu du Togo. Les historiens confirment : les meurtriers lui tirèrent dessus à bout portant, puis, pour être sûrs de leur crime, ils lui tranchèrent artères et veines sans aucun remord. Ironie du sort, quelques années plus tard en 1976, le Code rural français trouvera que l’animal est un être sensible. « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce…», stipule la loi de 1976. Elle comporte aussi des aspects  bénéfiques aux espèces animales sauvages…

Plus près de nous, en 2015, l’animal devient un « être doué de sensibilité » dans le Code civil. Le Parlement français reconnaît aux animaux la qualité symbolique d’êtres vivants doués de sensibilité », dans le cadre de la loi de modernisation et de simplification du droit. Le Code civil, qui considérait jusqu’ici les animaux comme « des biens meubles », est ainsi aligné sur le Code rural qui les reconnaît déjà comme des êtres vivants et sensibles. 2015, c’est l’année du troisième mandat de Faure Gnassingbé. Il est réélu à coup de bourrages d’urnes, d’exactions des militaires et milices, d’intimidations à l’encontre des populations. On dénombre des centaines de morts. La France ne trouva rien à dire contre ces exactions ; normal : elles ne sont pas dirigées contre des animaux français. Le Togo est un pays indépendant, a-t-on coutume d’affirmer à la cellule africaine de l’Élysée. Cette dictature soutenue à bout de bras par Paris et les  conseillers militaires français sur place. La question que l’on a de cesse de poser est la suivante : dans quelle catégorie, la France (exécutive et législative, et autres réseaux mafieux de la Françafrique) classe-t-elle donc la gent africaine en général, et le genre togolais en particulier ? L’animal français : (chien, chat, cheval, cochon, couvée) aurait-il plus de droit que le Togolais humain ?

L’ Armée tribale.

 Nolens volens, la France apparaît de façon logique comme complice des tueries politiques au Togo. Elle fournit des armes. C’est elle qui porte un soutien à cette dictature âgée de cinquante-sept ans ; elle est à la base de sa naissance : Jacques Foccart en sait long. Les accords de défense avec les Etats francophones d’Afrique, entre autres, permettent à des conseillers militaires français de former et d’assister l’Armée togolaise. En règle générale, l’enseignant transmet à l’élève une science qui se voudrait universelle. Cherchez donc les valeurs d’une Armée à la française dans cet océan de tribalisme, d’animosité envers son propre peuple, et de fidélité contre-nature à une seule famille. Que diraient les Français si dans leur pays, l’Armée républicaine recrutait chaque année 90% de Picards, que le chef d’Etat-major était Picard,  que tous les chefs de régiments étaient originaires de Picardie ? Mais les chefs de l’Armée française, ces stratèges bien pensants trouvent normal d’instruire une Armée composée de façon hégémonique d’une seule ethnie : (les Kabyès) du Nord-Togo.

Dans son intervention à la Conférence Nationale de 1991, T. Apédoh-Amah fait constater  que l’encadrement des Forces armées togolaises est aussi presque entièrement entre les mains des Kabyès. Pour preuve, sur ses 300 officiers, seulement 50 sont du Sud ; 250 sont du Nord (dont 200 kabyès. Et …50 pour le seul village de Pya, village des Gnassingbé).

Aucune des 26 unités de commandement de l’ossature des Forces armées togolaises n’est confiée à un ressortissant du Sud. Sur les 17 unités commandées par des Kabyès, 10 le sont par des officiers de Pya. Les 7 autres reviennent aux autres groupes ethniques du Nord. Etc. Et comme cerise sur le gâteau, le ministère des Armées a à sa tête depuis la formation du nouveau gouvernement (1 octobre 2020), une Kabyèe : Mme Essozimna Marguerite Gnakadè. Elle n’est autre que l’une des femmes du défunt Ernest Gnassingbé (demi-frère du président). Point n’est besoin d’en rajouter, sauf que parallèlement aux FAT (Forces armées togolaises), il existe des milices paramilitaires, qui se sont encore rappelées à nos souvenirs le 1er août 2020, terrorisant les Togolais qui comptaient manifester pacifiquement pour la vérité des urnes.

Dictature blanche et dictature noire.

Ils sont légions, et ils se sont trompés, ceux-là qui pensaient que les années passant, les nouveaux dirigeants de la France seraient de moins en moins cyniques à l’égard des peuples d’Afrique. Mais attention, ces nouveaux caciques de la politique étrangère de la France en Afrique sont des loups. Ils sont conscients d’une chose : céder au désir d’émancipation de la masse africaine francophone, en désavouant publiquement les régimes dictatoriaux,  signifierait la ruine de l’économie et du prestige de l’Hexagone. L’explication est toute simple : descendants des pères de la Révolution française d’un côté, et tenants des dictatures africaines de l’autre, se coalisent contre les peuples africains pour que vive la France.

9 août 2020 : Biélorussie. Résultats de la présidentielle organisée par le régime autoritaire d’Alexandre Loukachenko. Ce dernier se déclare gagnant avec 80% des voix ! L’opposition proteste. La rue ne désarme pas. Manifestations quotidiennes et mouvement de grève dans tout le pays. La figure de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa (créditée de 9.9% des voix par le pouvoir en place) se réfugie en Lituanie. Mais le peuple de la capitale était encore dans les rues le samedi 26 septembre, pour réclamer la victoire volée à Tikhanovskaïa. « Il est clair que Loukatchenko doit partir… Ce qui se passe en Biélorussie, c’est une crise de pouvoir, un pouvoir autoritaire qui n’arrive pas à accepter la logique de la démocratie et qui s’accroche par la force…» déclarait le président Macron,  le 26 septembre 2020, au Journal du Dimanche. Mieux, Emmanuel Macron en visite en Lituanie, rencontre le 29 septembre 2020, la Biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa à Vilnius. Puis cette dernière sera reçue à l’Assemblée nationale française pour défendre la cause de la démocratie biélorusse.

Il est vrai que faire deux poids deux mesures, est une tradition française lorsqu’il s’agit de juger de façon impartiale les mêmes causes et les mêmes effets. Sans pour autant rentrer dans les considérations d’appartenances continentales ou raciales, si la Biélorussie est un État, le Togo l’est tout autant sur le plan du Droit international. Depuis le 22 février 2020, le président Emmanuel Macron n’est pas sans savoir qu’il existe une crise post-électorale sans précédent au Togo. Dans cet État de l’Afrique occidentale sévissait un dictateur : le terrifiant Gnassigbé Eyadéma. Ce dernier mort, son fils, Faure Gnassingbé, qui a été imposé aux Togolais par un quarteron de généraux, n’en finit pas de martyriser son peuple. Il s’est entêté à se représenter à une quatrième présidentielle dont les dés ont été aussi pipés que les précédentes (2005, 2010, 2015). Nonobstant les fraudes et intimidations à l’encontre des populations, celles-ci ont largement voté pour l’ex-Premier ministre Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo, candidat de la Dynamique-Mgr Kpodjro.

La Clause de la nation la plus favorisée.

La Clause de la nation la plus favorisée est une clause fréquente des traités de commerce international par laquelle chaque État signataire s’engage à accorder à l’autre tout avantage qu’il accorderait à un État tiers. Cette clause  du GATT (General agreement on Tariffs and Trades), Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce devrait être logiquement transposable sur le terrain politique. Hélas non, lorsqu’il s’agit du Togo, les gouvernants français auraient plutôt tendance à penser que ce peuple n’est pas sensible aux méfaits de la dictature.

Au Togo, l’air de liberté se raréfie, et l’aire de quelques avancées chèrement acquises depuis le 5 Octobre 1990 et la Conférence Nationale souveraine (1991) se rétrécit. Au fur et à mesure, la dictature s’improvise de nouveaux espaces d’occupation. Exemple, le vote de l’interdiction de manifestations pacifiques par une Assemblée nationale aux députés cooptés. De plus, la Justice, impuissante, se met de plus en plus au garde-à-vous face aux désidératas du Prince de Lomé2. Pour preuve, la convocation en septembre 2020, au Service centrale des recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie du Prophète Esaïe Dékpo. Il prédit mordicus, que le règne de Faure Gnassingbé «tire à sa fin».

Pour être dignes des ancêtres qui ont arraché l’indépendance du Togo à coups de sacrifices, les Togolais et Togolaises doivent avant tout se remobiliser pour chasser la peur, avant de réussir à bouter la dictature hors de leurs frontières. La Révolution se mérite. Il faudra un jour la faire, en mettant hors d’état de nuire la minorité qui au nom d’une ethnie sème la terreur dans les hameaux. Il faudra la faire un beau jour sous la bannière d’une Afrique de citoyens unis pour chasser les néocolonialistes véreux de tout poil et leurs valets locaux. Quant aux dirigeants de la France, ces gens-là ne considèrent ni l’Africain ni le Togolais. Si vous les rencontrez, soutirez-leur le positif et  laissez-les passer leur chemin avec négatif et passif. Ils ne vous considèrent pas ; et conviez vos enfants à ne plus jamais dire : « Yovo, Yovo, bonsoir !… ».

G. TETE

Cher compatriote de la Diaspora, n‘oublie pas la Patrie !

IBRAHIM ; IDDI ; IDJAMTABA ; IDJOGA ; IDRISSA ; IDRISSOU ; IFAH ; IGBE ;IHOUSSA ; IKAGBE ; ILANDAKO ; ILORI IMAHINOUSSA ; IOU ; IROUMILAISSA ; ISSAKA ; ISSIFOUIYI ; ISSIFOU ; IZROULAÏ…

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