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Togo : Une Cour constitutionnelle partiale.

Ecoutez le conte !

Le musicien *

C’était un magicien de la harpe. Dans les plaines de Colombie, il n’y avait pas de fête sans lui. Pour que la fête soit une fête, Mesé Figueredo devait être là, avec ses doigts dansants qui égayaient les airs et affolaient les jambes.
Une nuit, sur un sentier perdu, des voleurs l’ont attaqué. Mesé Figueredo revenait d’un mariage, à dos de mule, lui sur une mule, la harpe sur une autre, quand les voleurs se sont jetés sur lui et l’ont roué de coups.
Le jour suivant, quelqu’un l’a trouvé. Il était allongé sur le chemin, torchon sale de boue et de sang, plus mort que vif. Avec ce qu’il lui restait de voix, il a dit :
– Ils ont emporté les mules.
Et il a ajouté :
– Ils ont emporté la harpe.
Et il a repris son souffle et a ri :
– Mais ils n’ont pas emporté la musique.

Cet exemple pour dire, qu’il existe des choses impossibles à dérober à celui qui en est le dépositaire devant l’Eternel, devant la nature ou devant le peuple. Faure Gnassingbé a fait main basse sur la victoire électorale de Messan Agbéyomé Kodjo, mais le dictateur ne dispose pas de l’aura de mystère ou de l’émanation spirituelle qui découle de cet adoubement de Dieu (à l’Eglise) et ensuite populaire (par les urnes). Toutes les données en possession de l’équipe de la Dynamique Mgr Kpodzro et des chancelleries africaines et occidentales indiquent clairement la nette victoire du Dr Agbéyomé Messan Kodjo, à l’issue de cette élection présidentielle du 22 février 2020 au Togo. Malgré les fraudes massives concoctées par la dictature, nonobstant les intimidations et les sévices orchestrés sur les partisans du changement par le RPT-UNIR au pouvoir depuis un demi-siècle, les Togolais ont massivement voté pour le candidat sponsorisé par la Dynamique de Mgr Kpodzro.

L’enlèvement musclé du Dr Messan Gabriel Agbéyomé Kodjo à son domicile, le 21 avril, après le tabassage par les gendarmes en expédition punitive de toute la maisonnée n’aura rien changé aux données de la problématique.  La majeur partie du peuple togolais voit en Agbéyomé le vrai vainqueur de l’élection de février 2020. En revanche, sur le camp de Faure Gnassingbé, la grande majorité de la population porte un regard critique. Chacun, impuissant, conspue mezza voce le tyran.

La Cour constitutionnelle prise entre le Bon Dieu et le Diable.

Dans son discours du 26 Avril à la Nation, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, Mgr Kpodzro a mis au pied du mur la CENI et la Cour constitutionnelle. Il a impérativement demandé à ces institutions qui avaient sciemment proclamé de faux résultats (une habitude sous la dictature des Gnassingbé) issus de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Dans un souci de vérité et de justice, le prélat exige de ces deux institutions de revoir leur copie. Un homme prévenu en vaut deux. Cette paire d’institutions aux ordres de la dictature a été prévenue dans son allocution par Mgr Philippe Fanoko Kpodzro. Si ces membres des deux institutions de l’Etat, par cupidité ou par couardise, ne reviennent pas sur leur travestissement de l’évidence, ils seront voués à l’anathème, et leurs postérités itou, jusqu’à la troisième génération comprise. Que ceux qui ont des oreilles entendent. Dans les années 70, en pleine messe, un militaire d’Eyadéma Gnassingbé avait eu l’outrecuidance de brutaliser le Révérend-père Gbikpi.  Quelques imprécations proférées par le saint homme avaient suffi pour que peu de jours après le quidam fautif se retrouve dans le camp des aliénés. Leçon de l’histoire, il faut s’abstenir de courroucer un homme de Dieu.

« On ne fait pas ce que l’on veut, et cependant on est responsable de ce qu’on est. » (J-P Sartre XXe siècle). Les juges de la Cour constitutionnelle togolaise sont, en tout état de cause, responsables à cause de leur contre-vérité historique des urnes, des problèmes politico-judiciaires du véritable vainqueur des élections de février 2020.  Quant au devenir funeste (sauf repentance dare-dare de leur part), de la deuxième et troisième génération de leur lignée respective, vous et moi ne serons peut-être plus là pour en témoigner.

TGT

*Eduardo Galeano, Sens dessus dessous, l’école du monde à l’envers, traduction de Lydia Ben Yizak, Editions Homnisphères, 2004.

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