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CFA : Françafrique et pompe à fric

Dans les années 70, une chanson française disait : « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ! » Un économiste camerounais, Joseph Tchundjang Pouémi a pondu un livre en 1979. (Monnaie, servitude et liberté). Il expliquait le mécanisme de fonctionnement de la monnaie CFA. Il avait dit certaines vérités sur la mainmise de la France sur les économies et les richesses de la zone francophone. Il a été exécuté. Bien avant la disparition de Joseph Tchundjang Pouémi, un chef d’Etat africain ayant longtemps lutté pour l’indépendance politique de son pays, pensait et soutenait mordicus que l’indépendance économique de sa patrie passait par l’autonomie monétaire. Ce Président de la République s’appelait Sylvanus Olympio. Il avait décidé de sortir son Togo de l’accoutrement CFA. Il a été assassiné en 1963. Voilà quelques exemples de décès prématurés parmi d’autres, liés à l’existence du Franc de la Communauté Financière d’Afrique.

En général une monnaie est l’un des moteurs de développement d’une économie. L’Etat crée la monnaie, pour la prêter aux particuliers et aux entreprises. La Banque centrale et/ou l’Etat suscite le développement économique par l’intermédiaire de la consommation et de l’investissement.

Ces pays d’Afrique qui ne peuvent pas se prétendre indépendants parce qu’ils sont pris dans « la trappe du franc CFA » sont :

Pour la BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina, Côte-d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
Pour la BEAC : Banque des Etats de l’Afrique Centrale : Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, RDC, République Centrafricaine, Tchad.
En plus de la Banque centrale des Comores, pour l’Union des Comores, elle aussi régie par le franc CFA.

Plusieurs économistes : Joseph T. Pouémi et Kako Nubukpo, parmi tant d’autres, ont décrit les mécanismes d’asservissement de ces pays africains liés au franc CFA.

Primo, les banques centrales (BCEAO et BEAC), dirigées par la France, ont sur les gouvernements africains de la zone CFA, le pouvoir de contrôler l’exécution du budget, les plans de développement, les modalités financières en vigueur, jusqu’au point d’apprécier l’opportunité de l’investissement d’une entreprise.

La France garde le pouvoir monétaire : celui d’émettre la monnaie fiduciaire, qui détermine la quantité totale de monnaie et fixe le niveau de l’activité de l’économie.

La fonction de « garantie illimitée » donnée par la France au franc CFA  correspondrait à du vent :  les réserves des pays africains à la Banque de France ne sont plus une garantie de la circulation monétaire. L’émission de monnaie n’est plus liée à des réserves en or. De nos jours, on peut, à partir de rien, créer de la monnaie.

Deuxio, quant aux réserves, elles ont un rôle pour le moins ambigu.  En exportant leurs produits, les pays membres de la zone CFA encaissent des devises (de la monnaie étrangère, dollars ou autres) ; ces devises sont déposées à la Banque de France (qui crédite, à travers le Trésor français, la BCEAO ou la BEAC du montant correspondant en francs CFA). Les devises issues des exportations des pays de la zone CFA deviennent donc des réserves à l’actif de la Banque de France.
Depuis les indépendances, les pays CFA ont été, en moyenne annuelle, créditeurs de 50 milliards de CFA auprès du Trésor français au taux d’intérêt de la Banque de France : taux bas.
Alors que la Banque de France, avec les réserves des pays de la zone franc, souscrit des bons du Trésor américains à des taux plus élevés (4 à 5 %) !

Tertio. En Afrique-zone CFA, les banques sont dirigées de l’extérieur, avec des méthodes à la française.
Elles prêtent surtout aux fonctionnaires. Ceux-ci consomment des produits importés d’Europe. Les banques ne prêtent pas aux agriculteurs. Ces derniers n’offrent pas de garanties.
En résumé, on rémunère peu l’épargne des Africains et quand on leur prête, c’est à des taux élevés. Raison pour laquelle les Africains fortunés placent leur argent à Paris. Les taux y sont plus avantageux.

Voilà quelques griefs à l’encontre du franc CFA. L’indépendance et la santé économique d’un pays, écrit Joseph Tchundjang Pouémi, passent nécessairement par une monnaie et des finances bien gérées. Or beaucoup de ces Etats sont loin d’être gérés correctement. Honnêtement, que feraient des dirigeants togolais si excédant financière il y a au budget grâce au changement du CFA en une autre monnaie ?  Cela va sans dire : la minorité accaparente de richesses risque d’aller alimenter ses caisses d’épargne à l’étranger ….

TGT

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